Aujourd’hui, c’est Charlotte, élève en première année de la promo Labiche qui nous parle de son parcours, de son expérience au sein de la Manufacture de l’Acteur et de son univers théâtral et cinématographique.

 

Charlotte CARPENTIER

Qui es tu ? 

Ca commence par une question difficile. Super.

Quand tu as fini une phrase qui commence par « je suis », en général ça n’est déjà plus vrai non ? Alors, pour les immuables, je suis Charlotte Carpentier, enfin j’essaie. Je ne suis ni grande ni petite, mon visage trahit souvent ce qui se passe dans ma tête, avec une grande mobilité des différents éléments qui le composent, j’ai deux grains de beauté sur la lèvre inférieure depuis peu, j’aime bien.  Et j’ai de la chance, toujours.

Je vis entre Paris et la Montagne. J’aime la vie et les êtres humains. Ce qui est en mouvement chez les êtres vivants et autour d’eux, de nous. J’suis certainement un peu perchée mais c’est ce qui me permet d’être bien là où je suis, souvent.

Quel est ton parcours avant la Manuf ? au sein de la Manuf ?

Picardie. Scolarité dans le privé. Rébellion adolescente silencieuse mais non moins efficace. Lille. Diplôme d’Educatrice Spécialisée, de Sciences de l’Education, de Français Langue Etrangère. La Montagne. Pour devenir serveuse, maçon, éduc (un peu quand même), barmaid, boulangère, gardienne de refuge… Vierge de toute expérience théâtrale. Ignorante.

Puis, Paris. La Manufacture. 1ère année. Apprentie comédienne qui ne sait rien (Big Up à mon ami Socrate) mais qui s’éclate. Révélation.

Pourquoi faire du théâtre ?

La seule réponse que je peux donner est sûrement « Parce que ! ». Parce que j’en ai envie.

Si tu te demandes « Pourquoi ? ». Tu te trouves toujours un « Oui mais.. ». Tu fais la colonne des « pour », des « contre ». Celle des « pour qui je me prends ? ». Ca peut sentir un peu fort l’ego, la performance, le regard des autres…un truc de psy quoi. Alors que si tu écoutes ton envie…

Donc quand j’me suis dit « Parce que ! ». J’ai osé. Pour raconter des histoires, jouer, passer beaucoup de temps dans la cour de récré avec d’autres qui ont envie, eux aussi. Pour observer le monde et le donner à voir. Pour être dans l’échange. Me nourrir de ce qu’il y a autour, dans les textes, dans le quotidien, dans les rencontres, partout tout le temps et le partager avec enthousiasme. Pour relier mon amour du présent, de l’instantané, à un truc qui existe avant et après tout, intemporel.

Il y a des milliards de « Pourquoi ? ».

Qu’est ce que tu aimes à la Manuf ?

La diversité : des disciplines abordées, des pédagogies, des profs, des élèves, des sensibilités, des parcours..

L’ampleur de l’espace des possibles.

L’exigence quant à l’audace.

Qu’est ce que l’école et/ou le théâtre t’a apporté ?

Un terrain de jeu « encadré ». Un grand espace de liberté. Une légitimité à mon insatiable besoin de m’amuser, de jouer. Des rencontres créatrices, à différents endroits de la vie. Des découvertes permanentes et des promesses de surprises infinies.

Une anecdote de théâtre au sein de la Manufacture ?

Un numéro improvisé de marionnettes avec mes chaussettes, cachée sous la table dans l’entrée de l’école, devant le bureau du directeur, pour faire rire mes camarades. Ou quand le comptable n’avait peut-être pas envie d’entendre mes histoires de « carotte dans l’oreille ».

Interpréter une glande lacrymale ou un ballot de paille qui traverse un sentier du Far West. Anecdotique mais passionnant.

Un conseil à donner à ceux qui veulent rejoindre la Manufacture ?

Abandonner un peu d’ego et de cerveau, peut-être. Y mettre de l’engagement et de la joie, beaucoup. Oser !

Sur quoi tu aimerais progresser ou que tu aimerais explorer ?

J’ai eu un gros coup de cœur pour le clown. J’avais une vague idée du truc mais là.. J’adore. J’en veux encore !

Progresser en tout. Et tout explorer. Evidemment.

Aller sur tous les territoires, naviguer sur toutes les galères, approcher toutes les contrées (avec lyrisme, oui, s’il-vous-plaît). Libérer le corps, davantage, encore. C’est un de mes gros chantiers.

Quels sont tes objectifs ?

J’ai la chance (c’est un point de vue) de ne pas trop me poser la question. Sinon c’est l’angoisse.

Je veux tout. Mais surtout pouvoir bosser avec des gens passionnés, sur un plateau mais aussi à côté, écrire, monter, créer, fabriquer, jouer…partager. Tout.

 

Portrait chinois :

Si tu étais une pièce de théâtre ? J’en ai lu bien trop peu. Mais là comme ça je dirais Le rêve d’un homme ridicule de Fiodor Dostoïevski.
Si tu étais un auteur de théâtre ? Rolala. J’en sais rien. J’en ai aimé plein. Dernièrement j’ai aimé Martin Crimp. Mais peut-être que j’aimerais être un auteur version Grèce Antique ou Russe. Ou alors Léandre, ce clown d’aujourd’hui dont le travail est un trésor de poésie.
Si tu étais un comédien/une comédienne ? Jean Rochefort probablement. Ou Simone Signoret. Un/une d’une autre époque certainement.
Si tu étais un personnage ? Amélie Poulain, un truc dans le genre.
Si tu étais un film ? Il y a des chances que ce soit un film de Valérie Donzelli. Ou alors Sibel, un film de Guillaume Giovanetti et Cagla Zencirci. Sûrement plein d’autres aussi parce que tous les films qu’on aime disent en général quelque chose de nous, non ?
Si tu étais une réplique de film/théâtre ou citation ? Fuck you ! (Ce sont les premiers mots qui sortent de la bouche du personnage qui m’a été attribué pour la première représentation à l’école. J’adore.) Sinon, écouter ce que raconte Jacques Lecocq c’est une bonne idée aussi.
Cinéma ou Théâtre ? Peut-être le théâtre, ça me colle au corps plus longtemps après avoir vu une pièce. Et j’aime bien ça.
Fiction ou réalité ? J’essaie de ne pas faire la Suisse mais c’est dur de choisir. Je dirais fiction parce que pour moi, c’est toujours de la fiction quand on joue. Même quand on essaie de retranscrire la réalité. Mais j’aime bien ma réalité. Alors je ne sais pas. J’alambique tout, j’suis désolée.
Classique ou contemporain ? Contemporain je crois.
César, Oscar, Molière ou Palme d’Or ? Molière avec des palmes d’or qui se prend pour César ou Oscar. Comme tu veux.
Comédie ou Tragédie ? Je pleure quoi qu’il arrive, alors les deux. Mais en termes de jeu, j’aimerais bien être capable d’aller provoquer le rire.
Monologue ou Dialogue ? Dialogue. Ma/mon partenaire, un élixir.
Improviser ou suivre le texte ? J’kiffe l’impro, graaave ! Puis je crois que ça peut te sauver la vie. Mais avec une bonne maîtrise du texte, peut-être, du coup.
Molière ou Shakespeare ? Shakespeare pour la fantaisie et Molière pour l’essentiel. J’peux pas vraiment faire illusion, je les connais bien trop peu.