Cette année, on a décidé de vous présenter nos élèves de 3e année. C’est l’occasion de faire le bilan sur leur entrée dans la vie de comédien. Découvrez la troupe qui emmènera leur spectacle au festival d’Avignon 2022 ! Pour ce premier portrait, accueillons Hanaé Carmant !
Comment as tu croisé la route du théâtre ?
J’ai commencé le théâtre en première, où j’étais en filière L spécialité théâtre. C’est là que j’ai découvert ce que c’était que jouer, aller voir des pièces de manière régulière, apprendre les textes et les comprendre surtout. Et en post-bac, je me suis inscrite en licence théâtre à la Sorbonne-Nouvelle. C’était beaucoup de théorie donc j’ai eu envie de me diriger vers une école de pratique. Et maintenant je suis en troisième année.
Quels sont les objectifs pour la suite ?
Faire du théâtre, je suis beaucoup plus intéressée par le théâtre que par le cinéma ; et puis peut-être créer une compagnie, en tout cas, travailler ensemble. J’ai commencé l’école pour ça, j’aime le théâtre parce qu’on compte les uns sur les autres. Donc le but ce serait de créer une compagnie, faire des projets et surtout de s’amuser.
Est-ce que tu peux nous parler de la pièce que vous avez emmenée à Avignon l’année dernière ?
Les Tracasseries domestiques, de Goldoni, c’est une pièce qui se passe en Italie dans les années 60, où en tout cas c’est comme ça qu’on a choisi de la transposer. Tout part d’une dispute en le serviteur et la servante d’un comte et d’une comtesse. Ces serviteurs vont créer la pagaille entre leurs maîtres et tous les habitants de la maison.
Quel personnage jouais-tu?
Je jouais Brighella, le serviteur du comte dans l’une des distributions, et dans l’autre Florindo, le futur mari de la fille de la comtesse.
Lequel tu as préféré ?
Brighella, parce que c’est un personnage qui ne me ressemble pas beaucoup. Le fait que ce soit un homme, puisque les genres sont inversés, a été particulièrement intéressant à travailler, dans la corporalité du personnage. Il fallait créer quelque chose de complètement différent dans la manière de parler, de se mouvoir. Et c’était super de pouvoir jouer avec Victor qui jouait la servante et d’explorer les relations entre ces deux personnages.
Comment as tu approché le fait de devoir jouer un homme ?
C’est parti vraiment du corps, parce que même si on travaillait sur le texte, l’enjeu c’était de comprendre sa manière de marcher, et le placement du corps, comment il s’ancre. Le reste est venu après. J’ai pris beaucoup d’inspirations dans des films de gangsters puisque la mise en scène parlait de la mafia italienne.
Est-ce que tu as eu des surprises à Avignon, des choses auxquelles tu ne t’attendais pas ?
Je dirais la vie en communauté. On se rend compte avec qui on s’entend vraiment et avec qui ça va être plus compliqué. Et en même temps je dirais, à quel point on peut former un groupe solide, et compter les uns sur les autres, ça a été une très bonne surprise. Aussi, en jouant autant de fois le même texte, à quel point on peut se surprendre soi-même, surprendre les autres et se laisser surprendre. À un moment, on réalise qu’il faut sortir de sa zone de confort, constamment, parce que quand tu réussis à faire quelque chose de différent des autres soirs, c’est les moments où tu es le plus fier de toi, même si ça n’a pas forcément marché comme tu le voulais.
Comment est-ce qu’on gère la vie en communauté pendant un mois?
Il faut mettre son égo de côté, et apprendre à ravaler sa fierté. On a beaucoup communiqué, dès qu’il y avait des soucis, on se forçait à en parler. Mais à l’inverse, il faut aussi savoir respecter l’autre et ses besoins de solitude. C’est une vraie balance à trouver entre les moments ou il faut parler parce que c’est important pour le groupe et pour soi et les moments où il faut respecter le silence des autres et quand ils se mettent à distance.
Quel conseil aurais- tu donné à ton toi du passé avant de partir pour Avignon ?
De s’écouter, parce qu’à vouloir essayer de remplir tous les rôles, que ce soit sur le plateau, pendant les parades, et dans ta vie privée, tu peux vite être submergé. C’est tellement de choses à gérer qu’il faut savoir se reposer et y aller plus doucement. Il faut s’épargner aussi. C’est à dire ne pas penser qu’on est à Avignon et que comme c’est un moment à vivre, il faut tout faire sans exception. C’est un marathon et non un sprint donc il faut savoir durer sur la longueur.
Comment c’était comme expérience pour toi finalement ?
J’ai adoré, c’était incroyable et je le revivrais avec grand plaisir. Malgré tout, j’appréhende plus de choses parce que je sais à quel point ça peut être fatiguant. Mais jouer le même texte tous les soirs, ça ne m’a pas du tout dérangée, j’étais triste de laisser le personnage et la pièce à la fin. Et le rapport au public est incroyable, quand tu as des coups de mous et que tu vois le public le soir qui est là pour venir te voir, ça te donne tellement d’énergie.
Est-ce qu’une rencontre t’as marqué ?
Je ne dirais pas une rencontre mais en général, rencontrer des gens du métier, qui vivent le même moment que toi, avec tous les problèmes que ça peut engendrer et en même temps l’euphorie qui est dans toute la ville, où il se passe tout le temps des choses. Ça donne l’impression d’une immense troupe avec des gens que tu recroises au fur et à mesure des parades et des représentations.
As-tu un moment préféré ?
Les moments que j’aimais le plus, je crois, c’est avant de jouer : ce petit rituel où l’on s’échauffe un peu dans notre coin avant de tous se rejoindre pour des exercices collectifs pour recréer cet esprit de troupe et être soudés juste avant de rentrer sur scène. Ça fait vraiment la différence.
Des attentes pour l’Avignon de cette année ?
Jouer une femme, la plus sexy du monde ! C’était trop bien de jouer un homme mais j’ai envie d’autre chose. Et j’espère que ça se passera encore mieux que l’année dernière.
Quels sont les projets pour cette année ?
Profiter de la dernière année de la Manufacture à fond !
Un mot de la fin ?
One, two, three, viva Goldoni !
On espère que vous avez aimé rencontrer Hanaé, on vous retrouve très vite avec un nouveau portrait d’élèves !