A vos carnets et vos stylos, un nouvel épisode d’Une Petite Histoire du Théâtre vous attend ! Pour devenir un acteur accompli, il est souvent nécessaire de savoir ce qui a fait de notre discipline ce qu’elle est aujourd’hui. Pour les futures comédiens et comédiennes, le théâtre, dont on retrouve les premières formes dès l’Antiquité, est une mine d’inspiration. Et pour que vous ne passiez pas pour un inculte, on vous résume dans cette rubrique, les principaux auteurs et courants théâtraux de chaque époque. Cette fois, on part découvrir l’histoire du théâtre au XIXe siècle : l’âge d’or du théâtre romantique !
Le XIXe siècle :
Le théâtre romantique : les origines
En 1830 ont lieu les premières représentations d’Hernani de Victor Hugo. Cette pièce va à l’encontre du mouvement classique qui jusque là prédominait. Ce style nouveau crée un affrontement entre les amateurs du théâtre moderne et du théâtre classique. Cet affrontement, on le nommera “La Bataille d’Hernani”. Il marque les débuts du drame romantique mené par son très célèbre chef de file, Victor Hugo.
La redécouverte de Shakespeare, du romantisme allemand de Goethe et des courants romantiques anglais des XVIIe et XVIIIe siècles influence l’apparition du romantisme en France. Le romantisme marque le début des années 1820 alors que Napoléon balaie les derniers restes de la Révolution Française en se faisant couronner empereur. Avec eux s’envolent les rêves de justice, d’égalité et d’accession sociale que nourrissaient la jeunesse de cette époque, qui devient désabusée et nostalgique.
Le théâtre romantique : les caractéristiques
Le plus souvent historique, le drame romantique se veut représentatif du réel par le mélange des genres. A la fois tragique et comique, “sublime” et “grotesque”, ses héros sont chevaleresques et torturés. Ils sont emprunts d’un sentiment destructeur qu’on appellera “le mal du siècle”. Il désigne une mélancolie cynique accompagnés d’élans passionnés, frustrés et violents. A l’image du Lorenzaccio d’Alfred de Musset, nous sommes face à des personnages qui peinent à trouver un sens à leur vie, et une consolation à leur déception. L’affection de ce courant pour la nature et sa contemplation représente le dernier havre de paix conservé par les protagonistes.
Si le drame romantique cherche à émouvoir le public, on ne peut lui enlever son caractère contestataire. Dans la forme, il s’oppose à toutes les règles du courant classique deux siècles plus tôt. Dans le fond, il pointe du doigt les injustices et les travers de la société contemporaine, bien qu’écrit sous un prisme bourgeois. C’est cette caractéristique principale qui fait du romantisme un courant incontournable de l’histoire du théâtre au XIXe siècle.
Dans la préface de Cromwell, Victor Hugo théorise l’esthétique romantique en cinq points essentiels.
- la reproduction de la vie réelle par le mélange des genres
- le rejet du carcan classique et notamment des règles des trois unités, de bienséances et de vraisemblance
- la recherche d’une grande liberté créatrice
- le maintien de la versification
- la représentation de son environnement.
Le mélodrame et le drame bourgeois
En parallèle du romantisme naît le mélodrame. Plus populaire, le mélodrame se caractérise par un affrontement manichéen (le bien contre le mal). Le héros y sort toujours vainqueur de situations plus pathétiques les unes que les autres. L’action, construite en trois actes, est une suite de péripéties rocambolesques et spectaculaires ( affrontements, poursuites à cheval, catastrophes en tout genre ) inspirant excitation, crainte et larmes aux spectateurs. Les ressorts dramatiques du mélodrame emportent le public dans la bataille qui se joue sous ses yeux. Le style et les émotions sont exacerbés. Le schéma très codifié de l’histoire fait monter l’intrigue jusqu’à un paroxysme avant de permettre la résolution finale. La musique est d’ailleurs souvent utilisée pour soutenir le suspens des moments les plus dramatiques.
Si ce genre est dédaigné par la critique qui le juge vulgaire et manquant de subtilité, on ne peut nier son emprise sur le public populaire de cette époque. La forme du mélodrame sera d’ailleurs très utilisée pour les premiers films muets.
Le drame bourgeois, né au XVIIIe siècle, est en quelque sorte l’ancêtre du mélodrame. En retrait depuis la fin des années 1700, il revient en force entre les années 1830 et 1840 sous l’influence d’Eugène Scribe. Un des auteurs dramatiques les plus joués de son vivant, il est pourtant totalement tombé dans l’oubli aujourd’hui. Le drame bourgeois est une représentation des questions sociales du XIXe siècle comme le mariage et l’adultère, par un prisme moralisateur. Pour dérouler son récit, il utilise de nombreux ressorts dramatiques, comme le retournement de situation, le quiproquo et le suspense.
Les dramaturges incontournables de cette époque
Pour comprendre le romantisme, il est indispensable de s’intéresser à Victor Hugo et Alfred de Musset. Hugo théorise dans la préface de Cromwell les éléments essentiels au courant romantique. Mais Alfred de Musset, avec La Confession d’un Enfant du Siècle, donne à voir grâce à un récit semi-autobiographique la vie quotidienne et les pensées d’un jeune français dans les années 1820. Ce livre est particulièrement important si l’on veut comprendre le sentiment du “mal du siècle”. Cette expression particulière est souvent utilisée pour décrire les émotions des héros romantiques. Pour Victor Hugo, on conseillera les pièces Hernani, Lucrèce Borgia et Ruy Blas. Tandis que pour Alfred de Musset, il faudra se pencher sur Lorenzaccio.
René-Charles Guilbert de Pixérécourt est un auteur emblématique de l’histoire du théâtre au XIXe siècle. Il a écrit pas moins de 111 pièces, en comprenant vaudevilles, tragédies, comédies et mélodrames. Ses premiers grands succès dans le genre du mélodrame sont Victor, ou l’Enfant de la forêt et Coelina ou l’enfant du mystère.
Trois auteurs majeurs portent le drame bourgeois du XIXe siècle. Eugène Scribe, dont la brillante carrière n’a pas survécu à la postérité, a fortement propulsé ce genre au début des années 1800, avec entre autres Le Verre d’Eau et Les Huguenots. La Dame aux Camélias d’Alexandre Dumas fils est une des œuvres les plus représentatives du drame bourgeois des années 1840. Et l’on terminera par parler d’Emile Augier, un autre auteur dont le nom est tombé en désuétude. Il marque l’histoire du drame bourgeois avec des pièces comme Gabrielle et Madame Caverlet.
Maintenant que vous êtes incollables sur les courants théâtraux dominant la première partie du XIXe siècle, on se retrouve très bientôt pour découvrir les influences de la fin des années 1800 !