Cette année, on a décidé de vous présenter nos élèves de 3e année. C’est l’occasion de faire le bilan sur leur entrée dans la vie de comédien. Découvrez la troupe qui emmènera leur spectacle au festival d’Avignon 2022 ! Après Hanaé Carmant, c’est au tour de Kévin Saenger de vous présenter son parcours.

 

Comment as tu croisé la route du théâtre ?

J’ai commencé le théâtre quand j’avais 8 ans en amateur. Et l’expérience m’a tellement plu que j’ai continué jusqu’à la terminale. Au début de mes études supérieures, j’ai arrêté, j’ai décidé sur le tard de rejoindre le milieu du théâtre professionnel. A mon arrivée à Paris (je viens du sud), j’ai fait une reconversion et j’ai rejoint La Manufacture de l’Acteur. C’est un projet qui s’est imposé par nécessité quand je me suis rendu compte que le monde du travail classique n’était pas fait pour moi et que le théâtre était plus qu’un hobby mais un métier à mes yeux.

Est-ce que tu peux nous parler de ton parcours à la Manufacture ?

Je suis en troisième année à la Manufacture de l’acteur. Mais à l’origine, je faisais parti de la promotion précédente. Malheureusement, l’arrivée du covid a vu le festival d’Avignon annulé et nous n’avons pas pu y partir. Pendant un an, j’ai fait mes expériences de mon côté, et finalement on m’a proposé de faire partie de la troisième année qui se mettait en place. Le programme m’a intéressé puisqu’il était très axé professionnalisation, en plus de me permettre de participer au festival d’Avignon.

Comme je vous le disais, le festival d’Avignon 2020 où nous devions jouer a été annulé. Et je devais également partir à Avignon l’année dernière avec un spectacle de rue mais les restrictions sanitaires n’étaient pas propices à cette forme et nous avons laissé tomber. Cette année sonne un peu comme une revanche. Je vais le faire, cet Avignon !

Qu’est-ce que tu as fait pendant cette année de pause entre ta deuxième et ta troisième année de formation ? 

A l’origine, au sein de la Manufacture de l’Acteur, nous devions répéter et jouer à Paris Le Dindon de Feydeau, spectacle qui remplaçait l’Avignon que nous n’avions pas pu faire. Mais les confinements successifs et la longue fermeture des théâtres ont fait que nous avons fini par partir chacun de notre côté. C’était une période très frustrante.

Une fois le Dindon avorté, j’ai rejoint de nouveaux projets. Il y a entre autres La Machine Infernale, de Cocteau, que je vais d’ailleurs jouer en février de cette année. J’ai continué à travailler sur Richard III, le fameux spectacle de rue que j’avais rejoint l’été précédent. Et puis sur le côté, j’ai continué avec mes propres projets d’écriture. Je dirais que l’objectif de cette année a été de gagner en compétences que je pourrais mettre à profit dans le futur, notamment le chant, la danse, la peinture, l’écriture. J’ai découvert des aires de travail qui m’étaient moins familières et ça m’a permis d’ajouter des cordes à mon arc.

Tu peux nous parler du projet que vous deviez jouer sur Paris? 

Il s’agissait d’une adaptation du Dindon, pour huit acteurs. Ça condensait beaucoup la pièce et les personnages, ce qui avait demandé un gros travail de coupe par notre metteure en scène, Léa Marie-Saint-Germain . Comme c’était une pièce qui devait se jouer sur 1h15, il y avait beaucoup de rythme à mettre en place, ce qu’on a énormément travaillé. 

Quel personnage jouais-tu ? 

Je jouais le Dindon lui-même, Monsieur Pontagnac, et également Monsieur Pinchard. Deux personnages haut en couleurs ! Pour moi, c’était un challenge pour les changements de costumes parce que très souvent je n’avais qu’une ou deux répliques pour passer d’un personnage à l’autre, et j’avais beaucoup aimé relever ce défi. C’était décevant de ne pas pouvoir le montrer au public mais c’était une belle aventure, et nous avons beaucoup appris. 

Quel personnage as-tu préféré? 

Quand bien même Pontagnac est un des personnages principaux, Pinchard était très amusant à aborder. On lui avait donné un accent marseillais, et puis il s’autorisait beaucoup plus de choses et il y avait un côté rafraîchissant à pouvoir le jouer. Pontagnac nécessitait beaucoup plus de rigueur et de travail. J’avais moins l’opportunité de partir à droite et à gauche. 

Est-ce que tu peux nous parler de ta rentrée avec cette nouvelle promotion? Comment on s’intègre à une classe déjà construite ? 

Ce qui a facilité la tâche, c’est le fait qu’on soit peu et on est deux élèves à ne pas venir de la promotion Labiche à l’origine. Et puis c’est une promotion que j’avais vu évoluer, je venais de la classe précédente et j’avais déjà travaillé avec eux sur différents projets. Ce ne sont pas des inconnus. Ce qui est intéressant, c’est la nouvelle dynamique de classe que l’on découvre, les personnalités sont différentes et le fonctionnement du groupe en est modifié. Aujourd’hui, on a pu s’apprivoiser au-delà de la relations de “collègues” ou de “camarades” et apprendre à se connaître personnellement. Tout s’est fait très naturellement en somme, et j’en suis très content.

Des attentes pour Avignon ?

Je pense qu’on a besoin de faire quelque chose de drôle, une comédie serait la bienvenue. Notamment pour continuer le travail du rythme entamé avec Le Dindon de Feydeau. Et si nous sommes une petite troupe, le travail du rythme va être d’autant plus décuplé. J’ai hâte de voir l’envers du décor, aller parader tous les jours, attirer de nouvelles personnes, la vie en communauté. Je me demande comment ça va être de vivre et de partager cette expérience tous les jours. Je pense que ce sera très émouvant puisque pour moi ce sera mon premier avignon. Donc j’espère qu’on aura une belle comédie avec laquelle s’amuser et faire plaisir au public ! Je crois qu’après cette période particulière, on a tous besoin d’ondes positives ! Maintenant si c’est une tragédie pourquoi pas tant que le rôle est intéressant à défendre. 

Quel personnage aimerais tu jouer ? 

En terme de personnage, j’aimerais bien jouer un méchant. Je suis souvent dans des rôles entre-deux, ni vraiment le héros ni vraiment l’antagoniste. Il me semble que ce serait amusant. J’ai joué beaucoup de personnages féminins dernièrement et ça m’a permis d’explorer l’expression du genre. Maintenant j’aimerais travailler sur l’autorité, comment un personnage impose son aura sur scène par sa seule présence. Et expérimenter avec des personnages en position de pouvoir, qui peuvent être craints ou respectés par les autres protagonistes. 

Un moment préféré de toute ta formation ? 

En janvier 2020, nous avons effectué l’ouverture de la soirée d’impro. C’est un événement qui regroupe les élèves du Cours Clément et de la Manufacture de l’Acteur pour un match d’improvisation annuel. C’est un moment très festif, et pour introduire ces matchs, les élèves de la Manufacture présentent un show d’ouverture.

Pour cette fois-là, c’était un mélange de chant, de danse et de comédie, dont les répétitions se sont étalées sur un mois et demi. Et quand on est arrivé sur scène pour le présenter, c’était un kiff phénoménal, c’était que de la joie. Au moment où on a fait éclater les confettis, il y avait quelque chose de très symbolique, on célébrait une nouvelle année, une nouvelle direction. Les retours ont été géniaux, on était épuisés mais qu’est-ce qu’on était contents ! 

Tes projets en dehors de la Manuf ?

J’en ai déjà un peu parlé, mais il va se jouer cette année La Machine Infernale, où j’interprète Tirésias et je travaille toujours régulièrement pour la pièce Richard III. Il y a aussi un Dom Juan pour lequel je répète, avec d’anciens camarades de ma promotion, qui à l’origine était un projet d’école. Finalement, on s’est dit que ça vaudrait le coup de l’amener plus loin. Ce qui est intéressant c’est qu’on a créé ce projet entre nous mais quand on l’a exporté en dehors de La Manufacture, on y a intégré des acteurs qu’on connaissait chacun de notre côté ! On est assez fier que quelque chose fait pour un examen devienne une pièce qui a vocation à tourner dans le futur proche.

Une autre amie et ancienne camarade, Tiphaine Berard, m’a présenté à un metteur en scène pour un rôle qu’il recherchait. J’ai lu la pièce, Exit de Fausto Paravidino, et j’ai rejoint le projet. Et ça va être pour nous notre premier projet théâtral rémunéré, on va avoir pas mal de représentations en octobre et en novembre 2022. 

Un mot de la fin? 

Cette année si je ne vais pas à Avignon je fais un malheur ! Parce qu’une fois ça passe, deux fois ça lasse, trois fois ça casse !

 

C’en est fini pour Kévin, on vous retrouve très vite avec le portrait de Raphaëlle, troisième membre de la troupe !